Desarmement de Kasiki-DRC

Déclaration à l’ Occasion des Cérémonies Officielles de Lancement du
Processus de Désarmement.

C’est une grande joie pour moi de prendre la parole en ce jour ci à Kasiki à l’occasion du lancement officiel du processus de désarmement volontaire des combattants du Ralliement pour l’Unité et la Démocratie et le Rassemblement du Peuple Rwandais (RUD/RPR) se trouvant en RDC.

Le lancement du processus de désarmement constitue pour nous un pas important dans la réalisation de l’engagement de la Feuille de Route signée à Rome et promulguée à Kisangani en date du 26 mai 2008 par le Congrès National pour la Démocratie, CND en sigle (Le CND est une coalition entre le RUD et le RPR et est ouvert à toute personne morale ou physique qui
s’engagerait dans ce processus). C’est aussi la confirmation de l’engagement à promouvoir la paix et la sécurité en RDC et dans toute la région des Grands Lacs.

Le leadership politique et militaire ainsi que tous les combattants et membres du RUD/RPR, partout où ils sont à travers le monde, au Rwanda et en RDC, se félicitent pour ce pas franchi et qui restera dans les mémoires comme un pas fait dans la bonne direction, un pas de plus en direction de la paix.

Ce que nous célébrons aujourd’hui, est un début du PROCESSUS de désarmement. C’est une lueur d’espoir dans le processus de paix qui se fait voir. Que les combattants de la liberté se réjouissent du geste hautement courageux qu’ils viennent d’accepter de poser en faveur du retour de la paix dans notre région. Nos vives félicitations aux combattants dont l’histoire retiendra votre courage. Cependant, on ne serait arrivé ici sans l’engagement de certaines personnalités Congolaises, en l’occurrence le Président de la République Joseph Kabila Kabange qui vient de nous montrer que c’est un homme de parole. Que le Chef de l’Etat trouve ici nos sincères remerciements et félicitations pour avoir réalisé sa promesse de ramener la paix dans la région. Nous l’accompagnerons dans son programme de pacification de l’Est du Congo
et de toute la région.

Nos sincères remerciements s’adressent au Ministre des Affaires Etrangères et de la coopération internationale, Monsieur Antipas Mbusa Nyamwisi qui a brisé la peur et le tabou le 24 janvier 2008, en rendant visite au combattants à Mbwavinywa pour lancer la campagne de sensibilisation. Nous n’avons aucun doute que n’eût été ce courage exceptionnel que le leadership, les combattants et nous-même saluons aujourd’hui, personne ne serait ici entrain d’assister paisiblement au début du processus de désarmement.

Notre gratitude, nous la témoignons à l’Eglise du Christ au Congo (ECC) et particulièrement à l’un de ses pasteurs, Mgr Kuye Ndondo qui, sans ménager aucun effort dans la recherche de la paix dans la région, continue son oeuvre de sensibilisation en multipliant des actions concrètes sur terrain. Nous réitérons notre confiance en l’Eglise du Christ au Congo et ses partenaires
locaux et internationaux, dont Mr Kåre Lode du Centre de Communication Interculturelle de Stavanger en Norvège, dans l’amélioration du bien-être de ces combattants et leurs dépendants qui sont les pionniers de ce processus.

D’autres personnalités congolaises ont joue et continuent a jouer un rôle appréciable dans ce processus. Nous sommes très reconnaissant des qualités humaines et de leadership du Conseiller Spécial du Président de la République, le Professeur Lufunda Kaumba, coordonnateur de ce processus et de l’engagement appréciable de l’Ambassadeur Itinérant du chef de l’État Mr Nguej Séraphin.

En dehors de la RDC, La communauté Catholique Sant Egidio à joué un rôle important pour que l’on arrive à la cérémonie d’aujourd’hui. Combien de fois nous sommes nous retrouvés à Rome pour discuter des voies et moyens de ramener la paix dans la région! A Monseigneur Matteo Zuppi de la communauté Sant Egidio, les combattants, le leadership, et moimême vous disons merci et vous encourageons à poursuivre votre oeuvre pour ramener tous ceux qui hésitent encore à adhérer à ce processus de paix.

Par leur travail inlassable sur le terrain, la MONUC, la commission technique mixte, et le peuple congolais représenté par les Chefs Coutumiers locaux et députés nationaux, ainsi que le Gouverneur du Nord Kivu, ont veillé à ce que ce processus avance dans la bonne direction. Nous leur remercions.

Mesdames, Messieurs, Autorités Congolaises et Représentants de la
Communauté Internationale,

Pendant près de 14 ans, des réfugiés rwandais ont vécu dans des forets congolaises, aspirant qu’ un jour, la Communauté Internationale, les hommes et les femmes justes, comprendront leurs aspirations. Pendant plus de 14 ans, les réfugiés rwandais étaient menacés d’extermination et
n’avaient aucune autre défense, car diabolisés, harassés, sans voix, qualifiés de tueurs, assassins, violeurs et de génocidaires et laissés pour compte. Ainsi, certains de nos combattants, toutes ethnies confondues, ont été envoyés en RDC, avec la mission de protéger ces réfugiés.
Maintenant que le gouvernement Congolais et la Communauté Internationale reconnaissent, enfin, que ces réfugiés sont des humains, qui ont des droits inaliénables de protection et de dignité, la mission assignée à cette partie de nos combattants au Congo est terminée. Nous vous confions tous la sécurité de nos confrères. En effet, notre organisation reconnaît le droit inaliénable de la souveraineté territoriale de l’Etat congolais et nous réaffirmons notre détermination à promouvoir la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs en général et en RDC en particulier. Avec ce désarmement, nous espérons que le gouvernement Rwandais n’aura plus d’excuses de créer l’insécurité en RDC et mettre à feu et à sang notre région, jadis caractérisée par la paix.

Le désarmement entamé aujourd’hui ne met pas fin à notre lutte pour les droits fondamentaux; notre lutte continue va se renforcer au Rwanda au cas ou le Gouvernement rwandais ne s’engagerait pas dans un dialogue interrwandais, franc, sincère, et inclusif. Nous nous réservons le droit d’utiliser tous les moyens légitimes possibles si notre sécurité et celles des réfugiés
rwandais, où qu’ils soient, seraient menacés par le pouvoir de Kigali ou des groupes a sa solde.

Les combattants désarmés et les réfugiés Rwandais veulent rentrer au Rwanda. Hélas, la porte d’entrée leur reste fermée. Ils tapent sur la porte de notre mère patrie, mais le gouvernement actuel du Rwanda a décidé que les réfugiés Rwandais éparpillés dans le monde, et surtout en RDC sont indésirables. Il n’est un secret pour personne que ces combattants, il y a 3 mois, ont fait l’objet d’une longue liste de 6,997 prétendus génocidaires établi par les autorités rwandaises. Interrogé sur cette liste, un officiel du gouvernement Rwandais a déclaré dans les médias que des enfants nés des réfugiés ont une idéologie génocidaire. Kigali a rappelé que tous ceux là étaient attendus par les tribunaux Gacaca et je ne sais quoi encore. Cette liste et cette diabolisation des réfugiés et leurs enfants traduisent bien la volonté du régime rwandais de voir les réfugiés et les combattants croupir en prison. Dans ces conditions et sous ce climat, quel devrait être
l’attitude des combattants? Quelle est l’attitude de la communauté internationale face à ces menaces ?

En effet le déni des droits fondamentaux et la répression féroce continuent dans notre cher pays le Rwanda, parfois sous le regard indifférent de la Communauté Internationale. Les combattants et leurs dépendants, ainsi que les sympathisants de nos mouvements qui ont osé rentrer, de force ou de gré, ont été jetés en prison, après une longue période de torture moraleet corporelle. La prison dit de Mulindi , les cachots du Camp Kami, ceux du Camp Kimihurura et les maisons isolées de détention dites « Safe Houses» abritent aujourd’hui beaucoup de ceux-ci sans dossier et par conséquent sans jugement. Ceux qui enfin sont relâchés et replacés dans leurs familles sont harcelés jour et nuit par les membres des milices du FPR. C’est pour cela que nous continuons à juger pour l’heure que toutes les conditions de rapatriement, de réinsertion et de réintégration au Rwanda ne sont pas du tout réunies.

Nous confirmons la disponibilité des réfugiés à rentrer volontairement au Rwanda sur base de garanties sécuritaires acceptables à convenir avec les autorités rwandaises sous l’égide de la Communauté Internationale. Ici, devant la Communauté Internationale, nous lançons encore une fois un appel solennel au Général Paul Kagame et lui disons tout simplement: “Mr. Kagame, ouvrez la porte aux Rwandais Réfugiés à travers le monde. En tant qu’ancien réfugié rwandais, vous connaissez aussi leur calvaire quotidien et en tant que Président du pays, vous êtes responsables de leurs mauvaises conditions de vie actuelles”

La seule façon d’ouvrir cette porte c’est de s’engager sur la voie du Dialogue. Nous sommes prêts à rencontrer le gouvernement Rwandais, directement ou avec l’aide des médiateurs objectifs indépendants, pour explorer les modalités pratiques de ce Dialogue. Le Dialogue Inter-Rwandais
peut débloquer l’impasse dans lequel se trouve notre pays et de surcroît toute la région. Cet appel n’est pas pour construire un Rwanda sur le modèle du passé mais plutôt de l’avenir; un Rwanda où nos descendants auront dépassé ce qui a jusqu’à maintenant divisé les Rwandais; un Rwanda
où nos enfants et petits enfants ne continueront pas dans la confrontation, l’errance et les déchirements mais plutôt passeraient leur temps à explorer et mettre en pratique des solutions pacifiques au service du développement du Rwanda, de la région, de l’Afrique, et du monde.

La balle se trouve dans le camp du gouvernement Rwandais, mais j’affirme que vous, ici présents et membres de la communauté internationale, avez le rôle majeur à jouer. Le Rwanda est l’épicentre du problème qui génère le flot de réfugiés, et a poussé et pousse encore le peuple à recourir aux armes. Vous pouvez contribuer à ramener la paix dans la région en convainquant
Mr. Paul Kagame et son gouvernement à ouvrir le Dialogue Interrwandais, comme vous l’avez fait dans presque tous les pays de la sousrégion secoués par des conflits pareils. Vous le pouvez en disant sans équivoque et avec détermination: “Mr. Paul Kagame, ouvre la porte aux réfugiés rwandais. Privilégie la voie du dialogue par dessus celle des armes, de la terreur, de l’oppression, et des aventures hégémoniques.”

Avec cette position résolue de la Communauté Internationale les réfugiés et les rwandais de l’intérieur n’auraient plus besoin de prendre des armes.

Que vive la Paix dans la région des Grands Lacs.

Je vous remercie.

Fait à Kasiki, Nord-Kivu, le 31 Juillet 2008
Pour le Congrès National pour la Démocratie (CND)
National Democratic Congress (NDC)
Inteko y’Abaharanira Demokarasi
Félicien Kanyamibwa, PhD

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